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#8 : Pour une bientraitance relationnelle

Pour une bientraitance relationnelle

Stop aux comportements déviants

En écoutant les gens en consultation, je suis sidérée par le niveau de maltraitance émotionnelle que l’humain est capable d’endurer, autant dans sa vie professionnelle que dans sa vie privée. Malheureux, stressé, angoissé, celui qui vit cet enfer relationnel ne s’autorise pas pour autant à dire : « ça suffit maintenant ! ».

 

La sacro-sainte spontanéité des maltraitants

Nous devrions « tourner sept fois notre langue dans notre bouche » avant de nous exprimer.

Malgré cela, certains revendiquent le droit de dire tout ce qui leur passe par la tête sans réfléchir, de blesser leur entourage par leurs remarques imbéciles et présentent leur paresse intellectuelle comme une preuve de fraîcheur et de sincérité. D’autres s’octroient le droit de nous imposer leur avis, de nous juger, de nous dicter notre conduite et de nous imposer leur système de valeur comme une référence absolue. Plus grave, les gens violents voudraient nous faire croire que cris, menaces, insultes et même coups peuvent être « mérités » et qu’eux-mêmes (les pauvres !) sont incapables de se contrôler.

 

Cette maltraitance relationnelle est inacceptable et nous devrions en être convaincus. Tous les êtres humains méritent respect et bienveillance. L’interdit de ces comportements déviants doit se poser fermement.

Voici comment :

 

Plus de plainte

La plainte est une façon indirecte et agressive de pomper l’énergie des autres. Elle crispe et culpabilise. Aujourd’hui surexploitée, dans une escalade réciproque, une surenchère de victimisation, elle est complètement stérile et épuise tout le monde. Il faut enrayer ce phénomène. Dans toute plainte, il y a une demande non exprimée. Alors, obligez les pleurnichards à formuler clairement leurs demandes. « Que veux-tu ? », « Qu’attends-tu de moi ?» ou mieux encore

« Quelles solutions vas-tu apporter à ton problème ? ».

 

Plus de reproche

Les reproches sont encore plus sournois que les plaintes. Ils expriment des attentes silencieuses déçues. La traduction littérale d’un reproche peut se résumer ainsi : « Tu aurais dû deviner sans que je le dise que j’attendais de toi que tu… ». Avoir des attentes silencieuses est le meilleur moyen d’être déçu. Pendant que je me focalise sur ce qu’il ne fait pas, je ne vois pas tout ce qu’il fait et qui pourrait me faire tellement plaisir ! Si quelque chose vous tient à cœur, demandez-le et pour le reste soyez ouvert à ce qui vous est offert.

 

L’autre forme de reproche est que l’autre ait refusé de se sacrifier pour satisfaire ma demande. « Fais-moi plaisir » ou « Tu pourrais faire un effort » sont des violences à part entière.

 

Plus de critique

Trop de gens croient encore naïvement que la critique est constructive et que c’est elle qui permet de s’améliorer. Pour certains, à l’extrême, les compliments sont forcément mensongers et manipulatoires, quand les critiques, elles, sont immanquablement honnêtes et sincères. Pourtant, la critique démolit et décourage et nous le savons tous au fond de nous. A chaque fois que quelqu’un critique ce que vous avez fait, vous perdez le goût de continuer, n’est-ce pas ? La critique est facile, accessible au premier imbécile venu. La tolérance, l’ouverture d’esprit, l’acceptation de la différence et de l’imperfection sont les vrais signes d’intelligence. La capacité à s’enthousiasmer et à encourager l’est encore plus ! Dites au critiqueur : « C’est TON avis » et ne vous en encombrez plus.

 

La pire violence : vouloir changer l'autre

Vouloir changer l’autre est sûrement le virus relationnel le plus répandu et le plus virulent. Quand je veux changer l’autre, je lui fais passer le message suivant : « Je ne t’aime pas. J’aime celui (celle) que tu deviendras sous mon influence. » C’est pourquoi changer pour être aimé ne sert à rien : si on vous aime parce que vous avez changé, ce n’est toujours pas vous qui êtes aimé(e). Alors, refusez de changer et dites clairement : « Je suis unique au monde. Alors je suis une œuvre d’art. Va-t-on retoucher une toile de maître ? Je suis donc à prendre comme je suis : parfait dans mon imperfection !»

 

Evidemment, ces consignes valent dans les deux sens : offrez en retour aux autres le respect et la tolérance qu’ils méritent également. Etes-vous prêts à renoncer à vos plaintes, vos reproches, vos critiques et à aimer les autres comme ils sont ? Si oui, quelles belles relations sereines vous allez instaurer !

 

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Commentaires: 5
  • #1

    Corine GOMEZ (samedi, 27 mars 2021 08:48)

    Cette longue réflexion est très intéressante, déculpabilisante car l'autre arrive à nous faire croire que c'est de notre faute... Merci

  • #2

    Céline (dimanche, 11 avril 2021 21:46)

    Merci pour ce grain à moudre
    texte très constructif sur la façon dont on peut réagir face à un comportement déviant, il y a une issue ! Cela permet de changer de point de vue, de prendre de la distance, de déculpabiliser, de se libérer de l'emprise éventuelle de l'autre, et surtout de reprendre positivement le "contrôle de nos émotions", d'AGIR.
    et au final, s'affirmer en toute bienveillance !

  • #3

    Alain Delvaux (lundi, 20 septembre 2021 19:41)

    Avez-vous essayé votre belle théorie avec un(e) "abruti(e)" qui n'écoute que lui(elle)-même ?
    Bonne chance !

  • #4

    Alain Delvaux (lundi, 20 septembre 2021 19:47)

    Avec quelqu'un de mauvaise volonté, ce n'est pas possible !

  • #5

    Magali (lundi, 14 février 2022 10:43)

    En lisant ce grain à moudre , je viens de comprendre ce qui m’a « changé »….. je ne suis plus moi depuis que je vis avec lui…. Il est dans la plainte style « Calimero », dans le « je pensais et j’attendais », dans «  tu n’aurais pas dû faire ou dire comme ça » ( critique déguisée ?), dans le «  tu as changé » le jour où je me suis rendue compte que j’étais manipulable et donc manipulée….
    Ça fait réfléchir !