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#10 - La culpabilité

L'enfer est pavé de culpabilité

libérez-vous de cette drogue destructrice

La culpabilité a de multiples visages. Elle nous assaille quelquefois brutalement mais le plus souvent reste tapie, sournoise et latente au fond de nous. Nous connaissons tous dans nos veines l’effet pervers de ce poison insidieux, capable de gâcher nos meilleurs moments. Savez-vous qu’on peut même devenir addict à la culpabilité au point de se créer toutes sortes d’occasions de la ressentir ? Quel cercle vicieux !

 

Culpabiliser veut dire « se sentir coupable ». Alors, sommes nous réellement coupables ? Et si oui, de quoi concrètement ? 

1 - Je suis coupable de transgresser les interdits

Par exemple, à peine suis-je assise sur le canapé que monte en moi un affreux mal être. Que se passe-t-il ? Et bien, je me suis mise à penser qu’il y a la machine de linge à étendre, qu’il faudrait changer la litière du chat, que je n’ai pas réglé l’assurance de la voiture... Bref, je sabote ma pause. La détente est un interdit que je suis en train de transgresser et je culpabilise. Comment s’est installé cet interdit ? Peut-être m’a-t-on reproché ma « paresse » quand j’étais enfant ou bien mes parents m’ont-ils montré l’exemple à suivre en s’activant du matin au soir sans jamais souffler ? Peut-être critiquaient-ils vivement tel voisin adepte de la détente, requalifié de « fainéant » ou de « bon à rien » ?

 

Des interdits, il en existe beaucoup et de toutes sortes : interdit de se faire plaisir, interdit de rester enfermé quand il faut beau, interdit de se reposer, interdit de perdre son temps, interdit d’être faible ou vulnérable, interdit de se tromper... L’interdit le plus redoutablement complet étant celui d’être imparfait !

 

Antidote : remplacez ces interdits par vos choix de vie

Comment ? Tout d’abord en faisant la liste des comportements que vous critiquez chez les autres. Pourquoi ? Parce que je critique, chez les autres, les comportements que je m’interdis.

C’est tellement injuste et révoltant que d’autres s’autorisent ce que, moi, je m’interdis !

Par exemple, si je critique l’exubérance de telle personne, il est fort probable que je m’interdise d’être extraverti. Une fois mes interdits identifiés, je dois me rendre la permission d’être ce que j’ai envie d’être. Qu’est-ce que l’on m’a fait croire à propos de l’exubérance ? En quoi est-ce « mal » d’être extraverti ? Et qu’est-ce que ça peut apporter de bien ? Après tout, j’ai le droit d’être exubérant si je le veux et de ne pas l’être si je ne le veux pas.

L’interdit levé, ma façon d’être deviendra un choix personnel donc une éthique intérieure et non plus une obligation extérieure. Je pourrai ainsi être en paix avec moi et avec ceux qui ont fait d’autres choix.

 

Il est par contre indispensable de conserver l’interdit de porter atteinte à l’intégrité morale, physique ou matérielle d’autrui ainsi que l’interdit de transgresser les lois ! La culpabilité qui naîtrait de la transgression de ces interdits là doit rester en fonction pour permettre la vie en société.

 

2 - Je suis coupable de refuser de porter les problèmes des autres

Dans ce cas, mon sentiment de culpabilité provient d’un transfert de responsabilité. En principe, nous avons tous notre « sac à dos » de problèmes et, bien sur, il nous appartient de les porter et de les traiter. Lorsque je ressens de la culpabilité vis à vis de quelqu’un, c’est que je porte dans mon sac à dos un problème qui ne m’appartient pas. Or, je ne peux être responsable que de ce sur quoi je n’ai le pouvoir d’agir directement et je n’ai pas de pouvoir direct sur les problèmes des autres.

 

Antidote : nettoyez votre sac à dos et faites le tri de son contenu

- Pour commencer ce nettoyage, il faut faire une distinction très nette entre autonomie et égoïsme. (Il est amusant de noter au passage que ceux qui vous traitent d’égoïste vous reprochent essentiellement de ne pas penser à EUX !). Non, je ne suis pas égoïste quand je m’occupe en priorité de mes problèmes personnels de façon à ne pas les faire porter à mon entourage. Il appartient à chacun de prendre soin de lui et de ses besoins. Un adulte n’a pas à faire prendre en charge ses besoins affectifs ou matériels par un autre adulte.

- Ensuite, pensez-vous avoir le pouvoir de rendre quelqu’un heureux ? SI vous répondez oui, c’est que vous avez mis un bonheur qui ne vous appartient pas dans votre sac à dos. Car il est impossible de faire rendre heureuse une personne qui n’a pas envie de l’être ! Son épanouissement n’est pas en votre pouvoir. C’est bien clair, comme ça ?

- Maintenant, rejetez de votre sac à dos tout ce qui est de l’ordre du chantage affectif. Le fait d’aimer quelqu’un ne donne aucun droit de contrôle sur ses sentiments ou sur sa façon d’être. Si vous ressentez de la peur ou de la pitié (sentiment très différent de la compassion) pour la personne qui prétend vous aimer, vous portez ses cailloux ! 

- Enfin, remettez les choses à leur place : si « ma liberté s’arrête là où commence celle de l’autre », cela veut dire que « celle de l’autre s’arrête là où commence la mienne ». Et quand la bible dit « Aime ton prochain « comme » toi même. », cela signifie « autant » et non pas « plus » ou « à la place de ».

 

Lorsque votre sac à dos ne contiendra plus que vos problèmes personnels, ceux sur lesquels vous avez le pouvoir et le devoir d’agir directement, vérifiez que vous n’avez pas pris l’habitude de vous servir de votre culpabilité comme d’une suprême excuse pour échapper à vos responsabilités. « C’est pas de ma faute, c’est Machin qui m’a... » ou « Tu vas pas en rajouter, je culpabilise déjà tellement ! »

 

Et dites fermement : « A partir de maintenant, j’en prends la responsabilité ».

Car la responsabilité est l’antidote à la culpabilité.

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Jeanne Agaugué Le Jossec (mardi, 18 mai 2021 12:49)

    Bonjour chère Christelle,
    (Je dis chère car vous l’êtes à mes yeux)
    J’ai adoré votre article , encore une fois clair net et précis !
    Et comme à chaque fois que je vous lis ou suis en vidéo ou conférence webinaire cela n’arrive jamais par hasard, j’avais identifié ces derniers temps ce mécanisme chez moi...
    C’est incroyable comme vous ponctuez ma vie comme un petit ange protecteur de loin ...
    Merci Christelle ��

  • #2

    Laurence (mardi, 18 mai 2021 17:05)

    "Un adulte n’a pas à faire prendre en charge ses besoins affectifs ou matériels par un autre adulte", dites vous. Et je rajouterai "ni par ses enfants".
    Merci pour cet article simple et éclairant.

  • #3

    Michèle (mercredi, 19 mai 2021 07:43)

    J'adore votre vision des choses, concrète et bienveillante. Pas de bla-bla, les choses telles qu'elles sont. En anglais, il y a cette expression que j'aime beaucoup car elle est aussi parlante que drôle: "not my monkey, not my Circus", pour illustrer ces pierres qui ne devraient pas être dans notre sac à dos.

  • #4

    Valèrie (jeudi, 20 mai 2021 06:07)

    Bonjour, je souhaiterais partager mon ressentiment, je culpabilise de n'avoir pas réagi a temps, et d'avoir subi pendant des années, les mensonges, les infidélités ,être rabaissée etc... c'est pénible à vivre pour l'instant ,beaucoup de choses me reviennent et tourne en boucle .