Comment retrouver votre créativité
Ecoutez votre rêveur intérieur
En théorie, tous les systèmes éducatifs le prônent : il faut développer la créativité des enfants. Mais dans la pratique, cela est rarement suivi d’effet. Dès le CP, à l’école, l’espace de créativité se restreint progressivement au profit des apprentissages scolaires imposés par les programmes officiels qui privilégient le conformisme. De leur côté, les parents ne trouvent pas souvent le temps d’organiser une séance de peinture ou de pâte à sel. Alors la télé prend le relais, remplace le rêve et impose ses idées toutes faites, pré-pensées, prêtes à ingurgiter autant aux petits qu’aux grands. Mais la télé a bon dos, est-elle la cause unique du manque de créativité des enfants et aussi des adultes ?
Les démolisseurs de rêves
«Faut pas rêver !», «Mais c’est impossible, voyons !» Combien de fois depuis notre prime enfance, avons-nous entendu ce genre de phrases ? Il est d’ailleurs très instructif d’observer comment la plupart des adultes s’y prennent pour casser les rêves des enfants. Par exemple, d’abord on demande d’un ton amène : «Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grand ?» puis on casse la réponse d’un péremptoire : «Directeur de cirque ? Tu n’auras jamais de vacances !», «Vétérinaire ? Ben dis donc, il faudrait que tu travailles dur à l’école pour y arriver !» «Vendeur de bonbons ? Bonjour les caries !» Cela commence très tôt et nous retrouverons ces mécanismes en action tout au long de notre vie à chaque fois que nous exprimerons une idée de changement, de progrès dans un domaine. «T’inscrire dans un club de gym ? Quel gaspillage, au bout d’un mois, tu n’iras même plus !» «Changer de boulot ? Tu auras l’air malin si tu n’es pas gardé à l’issue de ta nouvelle période d’essai !» «Faire un régime ? Ca sert à rien, on reprend toujours les kilos perdus.»
C’est une façon de faire très répandue car beaucoup d’adultes prennent leurs critiques destructrices pour une preuve de maturité. Du reste, être négatif, exprimer ses peurs donnent un faux sentiment de supériorité : «J’ai plus mûrement réfléchi le problème que toi !» qui cache un vrai sentiment d’infériorité : «Il ne faut pas surtout pas que l’autre réalise avec succès ce que je n’ai pas le courage de faire !»
Le rêve est la porte d'entrée des possibles
Pourtant, le rêve est essentiel à notre équilibre. Il permet de s’évader du réel, pas toujours agréable à supporter, il met du positif dans les pensées et surtout il est la lampe de poche avec laquelle on va pouvoir explorer ses possibles. Nous avons tellement besoin de rêver que, pour retrouver ce mécanisme, beaucoup d’entre nous jouent au loto. Eh oui, en achetant un ticket de loto, c’est le droit de rêver un peu que nous nous octroyons ! Mais comme nous avons bien intégré les techniques de démolition de projet, nous cassons nos rêves tout seuls dès leur début et c’est par cette autocensure féroce que nous bloquons notre créativité. Car développer sa créativité consiste essentiellement à faire taire ce démoralisateur intérieur et à explorer tranquillement nos rêves pour pouvoir peut-être les transformer en projets.
Merci Mickey
La stratégie de créativité de Walt Disney a été étudiée et modélisée comme étant l'une des plus performantes du genre. D’après Walt Disney, pour être efficace, la créativité doit comporter trois stades : 1) le rêve pur sans aucune censure 2) le projet plus concret et réaliste et 3) la critique CONSTRUCTIVE. C’est à dire que les objections doivent non seulement arriver le plus tard possible mais doivent en plus servir à peaufiner le projet et non à le démonter. Il nous propose donc de faire appel à trois personnages en nous :
Le rêveur
Le rêveur a une pose détendue, les yeux au plafond. Dans cette phase de créativité, on postule qu’une bonne fée se tient à ses côtés et aplanit toutes les difficultés qui pourraient surgir. Aucun souci de diplôme, d’argent ou de faisabilité puisque la fée veille. Seule consigne : que le rêve soit agréable à rêver. Lorsque le rêveur a longuement rêvé, il transmet son rêve au réaliste.
Le réaliste
Le réaliste a une pose plus campée. Pieds bien à plat sur le sol, solidement assis, le dos droit, les yeux vers le bas à droite. Son rôle consiste à transposer le rêve dans un vécu quotidien et à le ressentir dans son corps. La bonne fée est toujours là pour aplanir toutes les difficultés. La sensation de vécu réaliste doit être aussi plaisante que le rêve quoique éventuellement plus fatigante ou plus routinière. Dans le cas contraire, il faut recommencer à rêver en tenant compte du vécu du réaliste. Lorsque le réaliste a donné son aval au projet, on convoque enfin et seulement le critique intérieur, qu’il va falloir rééduquer au début.
Le critique constructif
Dans cette dernière phase de créativité, la bonne fée a disparu. Enfin, les objections peuvent apparaître. Notre critique est assis, jambes croisées, menton dans la main et le regard orienté vers le bas à gauche. Mais la consigne est stricte : sa critique doit servir à rendre le projet concrétisable et ne doit en aucun cas le démolir. C’est la phase la plus délicate de la création. La question de base est : «Comment peut-on rendre ce projet réalisable ?» Les critiques constructives seront ensuite transmises au rêveur pour qu’il leur trouve des solutions créatives si besoin est.
Lorsque vous aurez rééduqué votre critique intérieur à attendre son tour et à être constructif avec vos idées, la partie sera gagnée. Vos idées, vos projets, votre capacité à résoudre les problèmes seront décuplés. Pour vous y aider, je vais vous confier une phrase de Marcel Pagnol dont j’ai fait ma devise personnelle : «Tout le monde savait que c’était impossible. Il est arrivé un jour un imbécile qui ne le savait pas et qui l’a fait.»
Bonne créativité.
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