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#17 - Comment guérir les traumatismes ?

Comment guérir les traumatismes

Remonter la trame et libérer la charge émotionnelle

Depuis que la psychologie s’est vulgarisée, certains termes "psy" sont entrés dans le langage courant et se sont banalisés au point que nous les prononçons souvent sans en connaître le sens réel : pervers, hystérique, névrosé, "schizo"… Loin devant tous ces termes, "traumatiser" s’utilise aujourd’hui à toutes les sauces. Mais c’est quoi exactement un traumatisme ?

Traumatisme physique ou psychologique

Il y a les traumatismes physiques. Par exemple, lorsqu’on reçoit un coup, la réaction physiologique peut aller de la meurtrissure à la fracture osseuse. Ce coup peut même être fatal. Ses conséquences sont directement observables, même en cas d’hémorragie interne : on peut détecter un pouls filant associé à un teint terreux, entre autres. Quand il s’agit de traumatisme psychologique, les effets sont plus difficilement repérables et mesurables. Pourtant, ils sont tout aussi réels : on parle alors de "stress post traumatique". Les symptômes sont toujours à peu près les mêmes : flash back, cauchemars, repli sur soi, manque d’intérêt pour la vie quotidienne, démotivation, troubles du sommeil, de la concentration et de la mémoire, sentiment irrationnel de culpabilité et sensibilité extrême aux dangers extérieurs.

 

Les situations de guerre

L’état de stress post traumatique (ESPT) a été découvert lors de la première guerre mondiale. Les médecins ont découvert des victimes d’un nouveau genre, présentant des symptômes graves, mais sans blessure apparente. On a d’abord accusé ces soldats d'être des simulateurs, et beaucoup ont été fusillés ou enfermés pour cette raison. Ensuite, on s’est demandé si ces troubles étaient induits par la guerre elle-même, ou s’ils résultaient d’une vulnérabilité préexistante. Enfin, comme les symptômes restaient les mêmes quels que soient les hommes et les situations, on a fini par admettre que la guerre, elle-même, dans son horreur avait de quoi traumatiser tout un chacun.

 

Les conditions du traumatisme

Pour créer un traumatisme psychologique, il faut l’association de plusieurs éléments :

  • une charge émotionnelle négative très forte, associée à l’expérience, qui va créer une empreinte dans la mémoire,
  • des informations manquantes ou fausses,
  • l’impossibilité d’évacuer la surtension émotionnelle,
  • l’absence de verbalisation,
  • aucun réconfort de la part de l’entourage.

Ainsi, contrairement à ce que l’on croit souvent, ce n’est pas la situation elle-même qui traumatise, mais le sens qu’on lui donne. Il existe des gens qui ont vécu des évènements objectivement terribles et qui en sont ressortis sans séquelles, parce qu’ils ont pu comprendre, raconter ou recevoir du réconfort. D’autres ont vécu des malheurs moins catastrophiques en apparence et en ont été psychologiquement dévastés. Il existe aussi des traumatismes "à posteriori", provenant de situations revisitées mentalement. Imaginez que vous découvriez juste en rentrant du ski que vos freins étaient sur le point de lâcher !

 

Les traumatismes de l'enfance

La plupart de nos traumatismes réels proviennent de nos premières années de vie. Les douleurs suivantes ne sont que la duplication inexorable de ces expériences précoces. Comme on se cogne bizarrement toujours à l’endroit où on s’est fait un bleu, on rejoue en boucle les scènes traumatisantes de la même façon. Abandonnée par un de ses parents, une personne recréera inlassablement des scénarios d’abandon, de plus en plus douloureux, dans sa vie d’adulte. Il en va de même pour toutes les blessures originelles : trahison, rejet, humiliation, injustice se reproduiront sans fin, dans le quotidien professionnel comme dans la vie personnelle. Seul le fait de guérir le traumatisme initial permet d’enrayer le cycle des répétitions.

 

Pour en guérir

Puisque la majorité des situations que nous vivons à l’âge adulte a ses racines dans nos premières années, il suffit de repérer la trame de ce qui se joue en boucle, puis de remonter de dernière fois en dernière fois jusqu’à retrouver l’expérience noyau. Alors, ce qui a marché dans un sens peut fonctionner dans l’autre. Pour guérir un traumatisme, la première chose à faire est de libérer enfin la charge émotionnelle enkystée depuis si longtemps : pleurer, crier, taper sur un coussin si besoin est. Il est aussi important de retrouver les informations qui manquaient à la compréhension de la situation. Ensuite, il faudra mettre en mots ce qui s’est passé. Enfin, le réconfort qui a fait défaut à l’époque peut être donné grâce au pouvoir de l’empathie.

Ainsi le traumatisme pourra définitivement cicatriser et la personne échapper à la reproduction des situations.

 

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Commentaires: 4
  • #1

    Josephine Vallecillo (mardi, 22 mars 2022 19:57)

    Excellent...merci de ces rappels

  • #2

    FABRE JANINE (vendredi, 15 avril 2022 08:56)

    Merci pour vos partages qui sont particulièrement intéressants et enrichissants

  • #3

    Lebœuf (lundi, 17 octobre 2022 16:20)

    Bonjour madame
    Vous avez l’art de savoir conceptualiser ce qui souvent relève de l’intuition.
    Cela rend donc les choses compréhensibles et accessibles.
    Merci.
    Jean-Pierre

  • #4

    CABRI (lundi, 16 octobre 2023 23:55)

    Une spécialiste a fait remarquer a juste titre dans une émission télévisée sur les incestes que la victime se reconstruit dans l'indignation de son interlocuteur de guérison, ce qui remet en question les thérapies par écoute seule.
    D'autre part, un MANQUE GRAVE d'écoute et d'empathie FAMILLIALE à l'époque du traumatisme d'un " enfant bléssé tôt" ne peut se réparer, à l'évidence QUE par la compensation d'un ACCOMPAGNEMENT RELATIONNEL BIENVEILLANT adéquat, postérieurement , lors d'une approche de la guérison.
    C'est logique ppuisque c'est ce qui a MANQUE PRECISEMENT lors de la construction et l'épanouissement de la personnalité de l'enfant en croissance psychologique, mentale , et physiologique.

    Merci.